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Il ne s’agit ici que d’un bref compte-rendu des débats à propos du sort de la Cathédrale Notre-Dame de Reims après le conflit.c. Faut-il restaurer la Cathédrale ?
«Chacun s’est demandé si l’on réparerait le désastre et même s’il convenait de le réparer. Nulle hésitation n’est permise, bien que la presse ait enregistré les idées les plus effarantes et les plus saugrenues sur l’affectation des « ruines » de la Cathédrale.»286Le fait même de la mythification de l’édifice empêche tout désir de restaurer l’édifice. Un mythe est en effet un schéma figé, tout vœu porté sur une modification de l’aspect de la Cathédrale amène inévitablement une destruction du mythe.Le symbole de la Cathédrale.
Je cite ici quelques réactions :
«Il faut que la Ruine subsiste éternellement. Jamais, dans l’histoire de l’humanité, symbole de protestation ne se dressa avec une plus terrible éloquence contre les crimes des Barbares. Voilà vraiment le grand monument du souvenir national.»287Si les projets de restauration semblaient catégoriquement rejetés par l’intelligentsia française, quelques idées et projets d’aménagement virent tout de même le jour.«Aussi il faut que Notre-Dame de Reims, mutilée, lézardée, ouverte par les obus apprenne aux générations futures et leur rappelle à tout jamais ce que furent depuis des milliers d’années les invasions qui traversèrent le Rhin pour dévaster les Gaules.»288
Voilà un projet qu’expose un officier militaire au monde artistique en 1915.Un nouvel aménagement.
«Monsieur,
J’ai lu votre article sur la Cathédrale de Reims. Oui, c’est l’avis de nous tous officiers : il ne faut pas la réparer. Il faut la consolider adroitement et la laisser comme un témoin de la barbarie teutonne. Il faut y transporter les ossements des soldats épars sur les champs de France. Il faut inscrire, en lettres d’or, sur des plaques de marbre noir, les noms des héros morts pour la Patrie. Il faut entourer cet ossuaire, des canons pris à l’ennemi, mis debout et reliés par des chaînes fondues dans du bronze allemand. Et que tous les ans, à la date de la signature de la paix, proclamant l’écrasement de l’Allemagne, la France aille s’agenouiller devant les morts ; et que l’Armée envoie ce jour-là tous ses drapeaux, avec une délégation d’officiers et de soldats, saluer les héros…»289
Je laisse M. Demouy conclure cette partie :
«Comment imaginer enfin que l’on n’ait pas pris la résolution de la relever. Pourtant nul n’ignore la campagne qui s’est développée dès 1914, au départ alimentée par une mauvaise information sur l’état réel du monument, relayée ensuite par un romantisme morbide et le désir d’entretenir le souvenir de la haine.»290Monseigneur Landrieux conclut ainsi son ouvrage paru en 1919 :
«Reims, qui entend relever ses ruines, ne comprendrait pas qu’on l’obligeât à faire une exception pour celle-là, de toutes la plus triste, la plus tragique, la plus révoltante. Reims a conscience de n’avoir pas mérité l’humiliation de garder sa Cathédrale défigurée, amoindrie. Reims déclare qu’elle l’aime trop et qu’elle en est trop fière pour se résigner jamais à la voir moins belle !»291Comme toujours la Cathédrale doit rester le cœur de la cité, si la ville est reconstruite alors l’édifice sacré doit suivre le même chemin.
Comme nous l’avons vu précédemment Reims et sa Cathédrale sont devenus durant le conflit le symbole des destructions allemandes. Une fois le conflit achevé, le délicat problème des réparations se pose alors.
Les Américains étaient favorables à une paix modérée.
Lors de la venue en France de Wilson, président des Etats-Unis,
une visite de Reims et de sa Cathédrale fut organisée le
26 janvier 1919292 . Symbole des
destructions allemandes, elle devait justifier au président américain,
la nécessité des demandes françaises de réparation
à la Conférence de la Paix.
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