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3. La Cathédrale : symbole de la France meurtrie.
La Cathédrale Notre-Dame de Reims est désignée par de nombreux textes comme une « Victime expiatoire ».
La guerre va partout être considérée comme une épreuve divine.
a. Une « Victime expiatoire »
La guerre va être perçue par beaucoup comme une épreuve divine. Le Clergé va d’ailleurs considérer cette punition comme la conséquence du rejet en France de l’Eglise. C’est bien évidemment les lois de séparation de l’Eglise et de l’Etat qui sont ainsi visées. Quelques images pieuses nous permettent d’illustrer cette thématique.
La prière
Au dos de deux images pieuses, des prières ont été reproduites :
O Christ qui, depuis quinze cents ans, par un miséricordieux dessein de votre Providence adorable, avez choisi la France pour répandre jusqu'aux extrémités du monde la pure clarté de votre Evangile et la gloire de votre nom, ayez pitié de sa souffrance. Que l'effusion de son sang, de ses larmes, apaise votre justice, efface ses fautes ! Ecoutez les prières des saints qui, nés de ses entrailles, vous ont si bien servi et que vous avez tant aimés. Epargnez le pays où votre divine Mère a daigné plus d'une fois poser son pied virginal et où ont vécu Sainte Geneviève et Sainte Clotilde, Saint Rémi, Saint Bernard et Saint Vincent de Paul, Jeanne d'Arc, Marguerite-Marie et Bernadette Soubirous. Accordez-lui la grâce de vaincre ses ennemis, de suivre sans défaillance sa vocation surnaturelle, de rester jusqu'à la fin des temps votre soldat le plus héroïque et votre apôtre le plus vaillant, ô vous qui disposez des destinées comme il vous plaît et qui régnez souverainement sur les peuples avec le Père et le Saint-Esprit dans les siècles des siècles.
Ainsi soit-il.
Fr. M. A. Janvier des Frères Prêcheurs.
Marie, qui comme Jésus aimez les Francs ;
Notre-Dame des deux Victoires ;
Notre-Dame de la Marne ;

Nous savons bien que votre douce présence n'a pas manqué, dans le génie des chefs et dans l'ardeur des combattants, lorsque sur ces rives que voilà notre France fut sauvée. Pénétrés de reconnaissance, nous élevons vers Vous nos actions de grâce et nos vœux.

Notre-Dame de la Marne, soyez bénie dans le battement de nos coeurs,
Soyez bénie dans le frisson de nos drapeaux.

Notre-Dame de la Marne, obtenez à nos Morts le prix du sacrifice, et qu'ils aient le repos, le bonheur éternel. - Aux mutilés, aux aveugles, à tous ceux, Français et Alliés, qui ont souffert dans le dur et long combat, obtenez. Vierge protectrice, les joies sévères de la résignation.

Notre-Dame de la Marne, répandez sur la France l'infini bienfait de vos prières. Et que la France, désormais paisible et glorieuse, aime toujours et serve Dieu !

Communion
L’incendie de la Cathédrale de Reims a eu un impact psychologique considérable. L’Eglise reprend donc ce mythe de la Cathédrale martyre comme exemple pour la Communion. L’objectif est de rassembler toute la nation française derrière elle.
« Et peut-être, le sort l’a-t-il voulu ainsi, afin que nous puissions communier, dans une seule et immense douleur, avec toutes les âmes aujourd’hui douloureuses. Cette souffrance générale est le symbole de mille et mille souffrances particulières. Ceux qui n’ont ni enfant, ni demeure enlevés à leur affection, pleureront sur la cathédrale de Reims. » 280
Rédemption
Rédemption : c’est le titre donné à une image pieuse. On y voit une femme couronnée, habillée en noir et tenant un soldat mourant ainsi que le drapeau tricolore. Cette femme est probablement une allégorie de la France en deuil. Le Christ lève la main en signe de bénédiction.
« C’est pour cela aussi que Dieu a laissé faire, - mystère de rédemption ! – afin que tous, nous fussions atteints et humiliés, frappés au cœur par le coup qui outrageait notre Cathédrale !… »281
Dans le document n°65, le Kaiser, à cheval, ne traverse-t-il pas, inflexible, un charnier. Cette carte postale intitulée « le Fléau de Dieu de l’Humanité » représente peut-être alors Guillaume II comme un cinquième Cavalier de l’Apocalypse.


280 AVRIL (R. d’), L’Holocauste de Reims, p 39.
281 LANDRIEUX (Mgr.), La Cathédrale de Reims, un crime allemand, p 122.

 
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