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      c. Le boycott des produits allemands.
C’est essentiellement les vignettes qui abordent le problème de la dissuasion commerciale. Cet argument se base sur un schéma directeur simple : l’Allemagne nous vend des produits, avec cet argent ils achètent des armes pour nous combattre. Les sociétés occidentales ont très vite compris l’importance des échanges et des moyens de paiement : l’argent est le nerf de la guerre.

Les échanges allemands sont durant le conflit extrêmement réduits du fait du blocus commercial britannique.

Un document fort intéressant, présenté sous une forme quadrilobée nous permet d’exposer ce propos. En dépliant les différentes parties, on aboutit au récit suivant : 1/  L’offre : Un courtier allemand (Bocheman représentant) aimable salue en tendant sa carte de visite. La légende annonce : " Nous avons tous connu le courtier boche obséquieux et souriant "
A cette image répond le torpillage du Lusitania avec comme apostrophe : " L'Allemagne ne recule devant aucun crime, elle fait torpiller le Lusitania. "

2/  La commande : Le représentant allemand, toujours aussi agréable sort de la poche de son veston un bulletin de commande. Cette image est complétée par la légende suivante : " Et l’on pensait que son sourire en empochant la commande était la satisfaction du bon commerçant. "
A ce constat répond l’image de la cathédrale en flammes complétée par : "Détruit la cathédrale de Reims sans nécessité militaire."

3/  Non ! : Ce lobe représente l’empereur Guillaume II griffant jusqu’au sang la carte de l’Europe. Cette image est parachevée par le texte suivant : " Il pensait aussi qu’il travaillait à la réalisation du rêve Allemand de domination du Monde. "
A cette image répond l'exécution de miss Edith Cavell et conclut : " Elle a fait assassiner miss Edith Cavell et fusiller de nombreux otages. "

4/  Des rangées d’obus et de canons ont été représentés et complétés par cette légende : " et à la prospérité de l’industrie germanique que les plans de Krupp rendaient immédiatement utilisable pour la guerre qui est l’industrie nationale de la Prusse. "
L’image centrale parachève le récit de cette vignette. Un soldat allemand, coiffé d'un casque à pointe, un poignard sanguinolent dans la main droite et une torche dans la gauche, regarde fixement le spectateur Son uniforme est maculé de sang. La légende proclame : " le 2 août 1914, l'occasion paraît propice à l'Allemagne. Le courtier se démasque et se rue... il est incendiaire, il assassine. " En dessous, sur fond de drapeau tricolore la légende suivante a été inscrite : " Tous ces crimes devaient assurer au courtier boche, la suprématie commerciale dans le monde. Français, souvenez-vous ! "

Une composition de Gottlob a été éditée par la ligue "Souvenez-vous !" aussi bien en vignette, en carte postale qu’en affiche. Un Allemand est doublement représenté. D’un côté le "Dr Jekill", un vendeur faisant du démarchage à domicile. De l’autre Mr. Hyde, un soldat allemand bedonnant, un couteau de boucher ensanglanté et une torche dans les mains dont il s’est servis pour incendier une cathédrale. La légende est vindicative : "Ce boche qui a tué, brûlé, pillé
Ce représentant de fabrique qui vous offre ses produits et qui voudra de nouveau s’installer chez nous
C’est le même ! Ne l’oubliez jamais !"
Autre document intitulé " La pénétration par le Kub ", associe les " bouillons Kub " aux obus lancés sur la Cathédrale de Reims. Ce document daté de 1914 appelle donc les Français à boycotter les produits d’Outre-Rhin incarnés par les fameux bouillons Kub.

277 I.F. n°87.
278 Produit phare de la société allemande Maggi.
279 DRUART (R.), La Passion de Reims, p 13.

 
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