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3. La propagande française par l’image : étude de fonds
Avant de commencer une étude sur la propagande encore faut-il définir ce terme :
"L’ensemble des méthodes utilisées par un pouvoir… en vue d’obtenir des effets idéologiques ou psychologiques"198
Monsieur Jean-Claude Montant dans une thèse intitulée : La propagande extérieure de la France pendant la première guerre mondiale : l’exemple de quelques neutres européens et soutenue en 1988 considère que la propagande se base sur " les réflexes les plus primitifs telles que la peur, l’espérance ou la confiance en soi ".199

La propagande par l’image peut répondre à plusieurs thématiques. Monsieur Laurent Gervereau décompose ainsi l’étude iconographique, dans son ouvrage consacré à l’histoire mondiale de l’affiche200, en 3 thèmes : terroriser, manipuler, convaincre.

En se basant sur le recoupement des thématiques, on peut aboutir à la construction de trois axes de propagande spécifique au thème de l’incendie : terroriser, ridiculiser et héroïser.

      a. Terroriser
       
        Les visions apocalyptiques
Il s’agit bien ici d’un récit éloigné de la réalité. Les soldats allemands ne se sont pas rués dans la ville de Reims pour tout saccager.

Néanmoins, Albert Chatelle note que peu de cas de violence ont été commis durant l’occupation de Reims. Les Allemands auraient été relativement " Korrect ", malgré quelques " incidents :

" Des incidents, des vols, des violences, certes, il y en eut, la population s’écartait avec effroi des soldats ivres. On vit, rue de l’Ecole-de-Médecine, des Allemands défoncer à coups de marteau et de crosse de fusil une porte qui ne s’ouvrait pas assez vite.
Avenue de Paris, deux Allemands incendièrent une maison dans laquelle une femme s’était réfugiée pour échapper à leur poursuite. "201
Trois cartes postales vont nous servir d’exemples pour illustrer ces propos. Dans la première, intitulée " La Justice poursuivant le Crime "202, l’empereur Guillaume II a l’uniforme maculé du sang de ses victimes : une femme, un enfant et un bébé. Dans une autre203 c'est un Guillaume II incendiaire qui est représenté. Il porte la torche, symbole de destruction par les flammes et une grande faux, symbole de mort. Après avoir saccagé la Cathédrale de Reims, il semble prêt à accomplir d’autres forfaits. Enfin le dernier exemple intitulé " La Kultur Germanique "204 représente l’Empereur, sabre levé, piétinant deux bébés, après avoir égorgé leur mère. Toute l’armée allemande, assemblée, semble prête à suivre leur souverain.

Cette situation de terreur extrême, propre à marquer l’inconscient, se base sur une dominante rouge, provenant à la fois des flots de sang versés et des lueurs de l’incendie de la Cathédrale de Reims.

Les dangers encourus par les enfants.
Le discours de propagande représente souvent des enfants car ils sont les symboles de l’innocence et de la vulnérabilité. La composition intitulée : " Rien n’arrête les barbares "205 montre des enfants jouant à la poupée ou à faire des châteaux de sable au pied d’un mur. L’un d’entre eux, tient un petit drapeau sur lequel est inscrit : " Vive la France ". Derrière le mur, une armée de soldats sans visage, commandée par Guillaume II, semble prête à les massacrer.
Une carte postale anglaise, titrée " Refugees (Who wouldn’t help ?) ", c’est à dire " Réfugiés (Qui leur viendra en aide ?) " montre deux enfants, abandonnés sur un rocher battu par les flots. Ce document a certainement servi à des bases de propagande pour l’enrôlement des militaires.206
Mais ils peuvent aussi devenir des symboles d’héroïsme. Je tiens d’ailleurs à signaler le thème de " l’Enfant au petit fusil "207. C’est l’histoire véridique ou mythique, d’un enfant tué par un soldat allemand pour avoir braqué son petit fusil de bois sur lui. Ce thème, tout comme l’incendie de la Cathédrale, va être mis en avant afin de prouver la barbarie de la soldatesque allemande.


198 ELLUL (J.), Histoire de la propagande, p 104 (cité par MONTANT (J.-C.), La propagande extérieure de la France… p 2)
199 MONTANT (J.-C.), La propagande extérieure de la France pendant la première guerre mondiale : l’exemple de quelques neutres européens, p 14.
200 GERVEREAU (L.), Terroriser manipuler convaincre ! Histoire mondiale de l'affiche politique.
201 CHATELLE (A.), Reims ville des sacres, notes diplomatiques secrètes et récits inédits (1914-1918), p 72.
202 I.F. n°39.
203 I.F. n°42.
204 I.F. n°40.
205 I.F. n°93.
206 L’Angleterre ne dispose pas d’un système de conscription obligatoire.
207 I.F. n°115, 116 mais surtout 114.

 
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