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2. Les représentations françaises : étude de contenu
Dans cette partie, nous nous intéresserons uniquement aux récits des images, non à leur mise en forme. De nombreux documents iconographiques sont basés sur un modèle similaire, un archétype. Deux formes de récit ont été imagées : d’une part le crime de Reims, c’est à dire une vision laïque de l’incendie ; d’autre part le sacrilège de Reims, c’est à dire une vision religieuse du martyre de la Cathédrale.
      a.  L’archétype : le dessin de Gustave Fraipont.148
Description de l’œuvre
La plupart des représentations de la Cathédrale de Reims sont faites depuis un angle 3/4 Nord Ouest côté parvis. Ces nombreux dessins semblent avoir été inspirés du même croquis. Ce dessin, celui réalisé par Gustave Fraipont " d’après le croquis d’un témoin ", est paru dans l’Illustration du 3 octobre 1914. La Cathédrale est représentée verticalement, suivant une orientation Nord Ouest côté parvis. Un drapeau de la Croix-Rouge flotte sur chacune des tours. Du grand portail, des brancardiers surgissent, portant des blessés. L’échafaudage installé sur la tour nord semble ne pas s’être encore effondré. Les erreurs marquantes C’est ainsi que tout à chacun va s’imaginer l’incendie, à tel point que Mgr Landrieux, dans son ouvrage paru en 1919 et traitant des bombardements de la Cathédrale de Reims, fait la remarque suivante : " On a raconté et répété partout que les blessés avaient été évacués par le grand portail. On l’a écrit dans les journaux, en de graves revues, jusque dans les livres. Des photographies habilement truquées, des tableaux fantaisistes, ont représenté la scène.
La vérité, c’est qu’aucun blessé n’est sorti par le grand portail, parce que le feu en interdisait l’accès des deux côtés : au dehors, devant les deux portes qui, à la rigueur, auraient pu s’ouvrir et qui finirent par brûler, les bois de l’échafaudage se consumaient en un brasier d’enfer ; à l’intérieur, la paille flambait, et, précisément, contre ces deux mêmes portes, plus violemment que partout ailleurs, à cause d’une meule en réserve qui n’avait pas été épandue. "149
Les deux drapeaux de la Croix-Rouge flottant sur l’édifice indiquent que la Cathédrale a été transformée en ambulance. L’auteur semble avoir fait une erreur, en effet, il y avait bien deux drapeaux mais tous les deux installés, ensemble, au sommet de la tour nord. " (Le 17 septembre 1914) l’abbé Thinot, maître de la chapelle, M. Landrieux, curé de la cathédrale, et son vicaire, M. Andrieux, montèrent au plus haut de la tour nord où les Allemands purent les voir, de loin, arborer deux drapeaux à croix rouge près de celui qui existait déjà150 en fort pieux état. "151 En tout cas, la représentation sur le parvis de brancardiers, permet peut-être d’écarter la polémique concernant l’attitude de la population rémoise vis à vis des prisonniers allemands. Les influences transmises La composition de Gustave Fraipont va s’imposer comme modèle iconographique de l’incendie. En effet, il paraît dès le 3 octobre dans le journal illustré le plus populaire de l’époque : l’Illustration.

Le fait qu’il soit réalisé " d’après le croquis " d’un témoin lui donne une valeur documentaire importante. Il faut croire que les divers artistes qui vont ultérieurement reproduire l’incendie vont s’inspirer de ce dessin comme base de leur travail.
De nombreux documents iconographiques répondent à ce stéréotype : les n°4, 55, 157, 190, 193, 196, 198, 202, 218, 220.
Il me semble inutile de m’appesantir sur ces représentations, car elles n’apportent aucune variante au thème de l’incendie.

L’archétype de Gustave Fraipont nous permet de mettre en évidence les erreurs les plus communément figurées.


148 I.F. : n°284.
149 LANDRIEUX (Mgr M.), La Cathédrale de Reims, un crime allemand, p 53 et 54.
150 Drapeau installé le 12 septembre 1914.
151 CHATELLE (A.), Reims ville des sacres, p 92.

 
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