Page précédente Page suivante

Dédiée aux Rémois et à mon ami C. DUPIN

La Cathédrale de Reims en Flammes ! !

Déclamée par M. CHABRAT, Membre de la Société Philanthropique des Concerts pour les Blessés, le 31 Octobre 1915, au Comité des Sinistrés de la Marne, à Dijon (Côte-d’Or)

Vendue au profit des Réfugiés de la Marne

O vous qui possédez vos foyers ! Vos ressources !
Vos Eglises et vos Morts ! Vous, les privilégiés,
Donnez sans regarder jusqu’au fond des vos bourses,
Aux Réfugiés ! !

E. LESOURD.

EDITEUR E. LABOLLE-DUPRE, DE REIMS


 
Au secours, Jean d’Orbais ! A nous, Gauthier, Bernard !
Robert de Coucy ! Tous ! Accourez sans retard !
Voyez tous ces obus qui tombent en rafale !..
Ils vont, les Barbares, brûler la Cathédrale ! !

Mais déjà, dans le ciel, montent de longues flammes
Et sur la ville entière toute une anxiété plane,
Plus de cent mil rémois sont glacés de terreur ;
Leurs yeux épouvantés contemplent cette horreur !

On entend crépiter les boiseries qui fument,
Et fuser les vieux plombs des grands toits qui s’allument ;
Les vitraux merveilleux volent en multiples éclats,
Les cloches ébranlées sonnent de tristes glas !

Mais soudain, dans le feu, des ombres s’animent
Avec de nombreux gestes semblables à ceux des Mimes :
Ce sont les statues qui dansent le Sabbat
Avant de s’effriter pour retomber en tas !

Docteurs d’Eglises, Vierges sages et folles,
Prophètes, Saints et Rois dansent la Carmagnole !
Cependant qu’aux portails, Marie et Saint-Remi
Sourient dans les flammes à Joseph et Clovis !
C’est fini ! L’incendie à jamais est éteint,
Rien ne peut plus brûler ! Tous les coeurs sont étreints...
D’angoisse !.... Miracle !.... Elle est là, toujours belle,
Emergeant du brasier avec plus de dentelles ! ! !

Cathédrale de Joie ! Cathédrale de Gloire !
Tu étais autrefois, cela dans notre histoire,
Mais maintenant, après les grands sacres d’antan,
Tu diras : le Crime ! à tous nos descendants !
O toi dont les pierres chantaient l’allégresse,
Disaient l’exaltation, appelaient la tendresse ;
Poème religieux, tracé par le Ciseau,
Tu seras désormais le plus glorieux tombeau
Où viendront pour prier les peuples entiers du monde
En redisant bien haut tous les forfaits immondes
De ce peuple guerrier, sans foi et sans honneur,
Qui périra bientôt, accablé de malheurs ! ! !

E. Lesourd


 
Page précédente Page suivante