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Vendue au profit des Réfugiés de la Marne
O vous qui possédez vos foyers ! Vos ressources
!
Vos Eglises et vos Morts ! Vous, les privilégiés,
Donnez sans regarder jusqu’au fond des vos bourses,
Aux Réfugiés ! !
EDITEUR E. LABOLLE-DUPRE, DE REIMS
Mais déjà, dans le ciel, montent de longues
flammes
Et sur la ville entière toute une anxiété
plane,
Plus de cent mil rémois sont glacés de
terreur ;
Leurs yeux épouvantés contemplent cette
horreur !
On entend crépiter les boiseries qui fument,
Et fuser les vieux plombs des grands toits qui s’allument
;
Les vitraux merveilleux volent en multiples éclats,
Les cloches ébranlées sonnent de tristes
glas !
Mais soudain, dans le feu, des ombres s’animent
Avec de nombreux gestes semblables à ceux des
Mimes :
Ce sont les statues qui dansent le Sabbat
Avant de s’effriter pour retomber en tas !
Docteurs d’Eglises, Vierges sages et folles,
Prophètes, Saints et Rois dansent la Carmagnole
!
Cependant qu’aux portails, Marie et Saint-Remi
Sourient dans les flammes à Joseph et Clovis !
C’est fini ! L’incendie à jamais est éteint,
Rien ne peut plus brûler ! Tous les coeurs sont
étreints...
D’angoisse !.... Miracle !.... Elle est là, toujours
belle,
Emergeant du brasier avec plus de dentelles ! ! !
Cathédrale de Joie ! Cathédrale de Gloire
!
Tu étais autrefois, cela dans notre histoire,
Mais maintenant, après les grands sacres d’antan,
Tu diras : le Crime ! à tous nos descendants !
O toi dont les pierres chantaient l’allégresse,
Disaient l’exaltation, appelaient la tendresse ;
Poème religieux, tracé par le Ciseau,
Tu seras désormais le plus glorieux tombeau
Où viendront pour prier les peuples entiers du
monde
En redisant bien haut tous les forfaits immondes
De ce peuple guerrier, sans foi et sans honneur,
Qui périra bientôt, accablé de malheurs
! ! !
E. Lesourd
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