La cathédrale Notre-DameLaon (02) |
Perchée en ville haute dans le maillage sinueux des ruelles médiévales, la cathédrale Notre-Dame de Laon domine majestueusement la plaine tel un joyau couronnant la bute naturelle surnommée « Montagne couronnée » par ses habitants.
Edifiée entre 1155 et 1125, le bâtiment succède à deux constructions antérieures : une basilique primitive du Ve siècle et une église carolingienne agrandie deux fois. Le nouveau chantier débuta à la suite d'un incendie provoqué par une émeute communale réprimée dans le sang, d'un long pèlerinage européen pour récolter des dons et ponctué de son lot de miracles, mais aussi de la difficile acquisition de l'actuel parvis aux négociants très attachés à leur bruyante place du marché.
D'un style gothique primitif, l'architecture de l'édifice est rendue transparente par l'ajout de colonnettes à clair-voie tournante sur les tours, d'un bestiaire fourni tel les bœufs majestueux se penchant des tours de la façade, et d'une somptueuse tour lanterne centrale amplifiant la luminosité intérieure de l'édifice. La statuaire assez sobre de la façade reprend les thèmes habituels des cathédrales dédiées à la Vierge Marie : Couronnement de la Vierge et Jugement dernier .
L'intérieur, assure la transition entre le roman et le gothique avec une élévation à quatre étages, mais réserve aussi quelques surprises. La nef se voit ornée de 28 chapelles à claires-voies et le sol de l'église abrite environ 200 dalles funéraires de quelques évêques, de nombreux chanoines et plus occasionnellement de laïcs (on peut y lire des inscriptions allant de 1261 à 1775).
Si tout le mobilier a été vendu aux enchères à la Révolution , la cathédrale se pare encore aujourd'hui de nombreux vitraux d'origine. Se côtoient à la fois des thèmes classiques : comme celui évoquant avec d'admirables détails colorés la Passion du Christ (triptyque de lancettes au chevet, vers 1210), mais aussi des thèmes locaux : comme celui du cursus universitaire médiéval opposant Rhétorique , Grammaire et Dialectique à Astronomie , Arithmétique , Géométrie , Musique et Médecine (rose Nord : 1180), simple évocation de la renommée de l'université médiévale laonnoise.
Au Ve siècle, le diocèse de Laon a été créé par Saint-Remi, évêque de Reims et baptiseur de Clovis, afin de lui permettre de mieux gérer son immense diocèse prenant ses sources dans le bassin parisien et empiétant sur l'actuelle Belgique. Remi y mis un homme de confiance à sa tête, en la personne de son neveu Génebaud, après que ce-dernier ait renoncé à son épouse pour se consacrer à la chasteté requise par sa nomination. Pourtant se vœux fut rompu et sanctionné par deux naissances. L'oncle fut donc obligé d'infliger 7 années de réclusion et de pénitence à son bien-aimé neveu. Au terme de cette punition, un ange apparu à Génebaud et lui ouvrit la porte, pourtant, il ne sortit point et préféra attendre la venue officielle de son parent pour obtenir sa délivrance. Ce comportement exemplaire de respect de la hiérarchie épiscopale valut à Génebaud l'accession à l'état de sainteté. Un vitrail contemporain témoigne encore de cette légende dans au sein même de l'édifice.
Cathédrale aux mille facettes, riche en anecdotes : historiques, religieuses et architecturales ; la visite de cet édifice surprend l'érudit comme le novice pour les placer en plein cœur d'un des derniers bastion médiéval cerné par l'industrialisation. La visite permet ainsi de découvrir ce chef-d'œuvre de l'architecture médiéval, de se replonger dans les grands moments de l'histoire sainte, mais aussi de découvrir le schéma classique de l'expansion d'une ville de l'époque médiévale à l'ère industrielle.
| Auteur : | Christophe ROMEU |
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