L'église d'Albepierre

Albepierre-Bredons (15)

L'origine de l'église est une ancienne chapelle castrale appartenant au premier château d'Albepierre. Après sa destruction par les Tuchim au début du XV ème siècle elle fut reconstruite . C'est l'abside actuelle avec voûtes à lierres et tiercerons. Cette chapelle fut érigée en paroisse en 1667 à la demande des habitants . La nef actuelle fut alors construite avec le portail daté de 1695.

En 1720 fut inauguré le retable baroque actuel qui représente bien la réforme liturgique tridentine . Au centre, le tableau représente l'Ascension du Christ. Au sommet la colombe de l'Esprit- Saint dans une gloire rayonnante entourée de têtes d'anges ailées dans des nuées. Sur les deux côtés, le cycle de la vierge avec l'Annonciation à gauche et la Visitation à droite. Ces deux scènes sont introduites par deux saints dont les statues se dressent de chaque côté du tableau, deux évêques: saint Jean évangéliste et saint Timothée, patron de Bredons dont dépendait Albepierre. Les artistes sont certainement du pays, comme le prouvent les sabots avec empeigne de mire de la vierge qui s'aperçoivent sur ses pieds.

La colombe de l'esprit Saint

Le bas-côté nord comporte un enfoncement reste d'un couloir du château, aménagé au XVIIIème siècle en chapelle latérale avec un autel orné d'un tableau et de deux statues St Pierre et St Thimothée. La tribune a été refaite, sous le ministère de l'abbé Verdier (1938-1943), par Mrs. Léon Seccaud et Schneider. Le bas côté sud comporte une large chapelle construite en 1835 pour augmenter le nombre de places dans un village qui avoisinait les 800 habitants. Cette chapelle du Rosaire comporte un autel néoclassique, avec deux statues de la fin du XIXème siècle. Le tableau reprend un thème déjà traité à Bredons, la vierge couronnée demandant à saint Dominique et sainte Catherine de Sienne la récitation du Rosaire. En haut à gauche une statue de St-Jean Baptiste qui n'est probablement pas à sa place primitive. Toujours dans cette chapelle, le baptistère, en pierre de lave. Il a été doté en 1943 d'un couvercle de cuivre (don de mariage). De pair avec la restauration du retable, une niche a été ouverte dans le mur ouest de cette chapelle pour contenir des objets du culte classés :

  • un ciboire argent doré, du XVIIIe siècle
  • un encensoir en argent, fin XVIIIe siècle
  • un encensoir en argent du XIXe
  • un ostensoir en bronze offert par Jeanne Billon, une fidèle d'Auzolles, et qui comporte 14 améthystes

La vitrine contient également deux statues reliquaires, classées :

  • Saint Thimothée, en argent, XVIIIe
  • Saint Blaise, en cuivre, datéé de 1699.

Enfin on remarquera les vitraux dus à la campagne de restauration 1938-1943, sous le ministère de l'Abbé Verdier. Ils sont l'Œuvre du célèbre verrier Decorchemont, dont les fours à Conches sont maintenant fermés. Les techniques de l'auteur ont maintenant disparu : il s'agit de plaques de verre épais, taillés dans la masse, colorés en cours de cuisson et gravés à chaud. Au lieu d'être reliés par des plombs, ils sont cimentés. Ils représentent dans l'abside, la prédication de Timothée, dans la chapelle du Rosaire, la Sainte Famille offert par Mme Debord morte centenaire en 1949, Notre Dame des Oliviers, offert par l'auteur, et à la tribune la parabole du semeur.

Au total cette église au plan compliqué, chœur de la fin du XVème, la nef de la fin du XVII ème, chapelle du Rosaire de 1835, clocher de la fin du XVII ème restauré en 1848 et 1914, retable de 1720, restauré en 1835 et 1993, résume bien par son ornementation et son mobilier toutes les manifestations populaires et intellectuelles de la foi dans le diocèse de Saint-Flour, depuis sa création en 1317 jusqu'à Vatican II. Constamment reprise, réaménagée, restaurée et augmentée par les dons des paroissiens, elle offre un ensemble, œuvre de plusieurs générations, travail commun, et mémoire vivante de la paroisse et de la commune.

Michel Rouche
Professeur Université Paris - Sorbonne
Paroissien d'Albepierre

Notes du rédacteur :

Dans l'ouvrage de H. Bouffet, on apprend que "les deux consuls d'Albepierre avaient présenté leurs doléances à l'évêque, en lui exposant très respectueusement la situation pénible qui leur était faite par la grande distance de l'église paroissiale de Bredom, isolée de tout centre important, placée sur un rocher élevé à l'exposition de la bise et d'un accès difficile".

Après le concile de Trente (1545-1563), à l'époque de la contre réforme, les retables d'autel, supports d'une iconographie choisie pour rappeler la doctrine et inciter les fidèles à la prière, sont devenus un élément caractéristique et presque indispensable du mobilier des églises, dans le goût fastueux du temps. Cette mode persista jusqu'à la révolution.
Le couronnement du retable s'est effondré le 11 août 1990. Il fut restauré à l'identique et remonté en 1993 après la restauration de l'église.

Il a été classé parmi les Monuments Historiques par décision ministérielle le 9 novembre 1993.


Auteur :  Jean-Louis PHILIPPART : ancien Maire d'Albepierre-Bredons
Iconographie : Photographies : Jean-Louis PHILIPPART
Source : H. Bouffet, Bredom, sa seigneurie, sa paroisse, son prieuré et ses paroisses affiliées, Aurillac 1909, réimp. Marseille, 1977
A voir :

Le site consacré à la commune d'Albepierre-Bredons ainsi qu'à la richesse du département du Cantal :

http://perso.wanadoo.fr/jean-louis.philippart/


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