Le Prieuré de Bredons

Albepierre-Bredons (15)

Le territoire de Bredons dépendait au XIème siècle des biens de la famille de Henry, noble famille possédant de vastes domaines entre Murat et Saint-Flour.

Vers 1060, Bernard de Henry seigneur de Bredons lègue à son frère, moine de Cluny puis évèque de Toulouse, l'église qui existait à Bredons pour lui permettre de fonder une abbaye. Cette donation est confirmée en 1070 par son suzerain le vicomte de Murat. L'église de Bredons était alors placée sous le double vocable de St. Thimothée et de la Sainte Croix.

En 1074 l'église de Bredons devient l'église paroissiale de Murat, et, bientôt trop exiguë pour les besoins du culte fut remplacée par un édifice plus grand. En 1095 elle est consacrée et placée sous le vocable de St. Pierre et St. Paul.

En 1284, par un contrat entre le Prieur de Bredons et le Bailly des Monts d'Auvergne aux termes duquel est partagée la souveraineté judiciaire et financière, le Roi St. Louis fit élever sur le rocher de Bredons, au point culminant, la tour de Beccoire. Il ne reste rien de ces constructions. Cette tour qui dominait le prieuré de Bredons à portée de voix apparaissait parfois sans doute au Prieur comme un symbole encombrant du pouvoir laïque.

L'église de Bredons,
à l'ombre le pignon ouest

Vers 1350, en haute Auvergne, apparurent des bandes de pillards connus sous le nom de "Bandes Anglaises ". Beaucoup d'églises furent incendiées. Qu'en fut-il de Bredons ? La région sortait à cette époque d'une longue période de misère où le simple manque d'entretien avait pu précipiter la ruine des constructions. C'est peut-être dans ces temps que disparaissent les voûtes de la nef de l'église.

En 1384, l'évêque de Saint-flour autorise le chapitre de Murat à construire une église indiquant que le voisinage des Anglais et la guerre sans merci que se faisaient les prétendants à la vicomté de Murat empêchaient les habitants de la ville d'aller remplir leurs devoirs religieux à Bredons. Elle fut construite en deux ans. Cette décision fut l'objet de querelles entre le Prieur de Bredons et le chapitre de Murat.

A la fin du XV ièmè siècle, de grandes réparations furent entreprises à l'église de Bredons par le prieur Jean II des Prez de Montpezat. Entre 1517 et 1542, le nouveau Prieur Antoine d'Auriol, amateur éclairé à l'époque de l'influence italienne dota l'église d'un ensemble de stalles et boiseries de grande qualité dont on peut regretter qu'une partie seulement nous soit parvenue.
Antoine d'Anglade, dernier Prieur régulier de Bredons entrepris d'importants travaux de restauration de la partie sud-ouest de l'église où son blason est visible au revers de la façade occidentale. Entre 1664 et 1757, l'esprit de la réforme transforme le décor intérieur de Bredons, mais les importants retables que l'on peut aujourd'hui y admirer furent surtout dus aux curés et marguilliers : les Prieurs d'alors abandonnent volontiers l'administration du temporel entre les mains d'un fondé de pouvoir et résident de moins en moins sur place.

Une loi de L'assemblée nationale ayant ordonné la vente des biens nationaux avant le 15 septembre 1790, la municipalité de Murat mit en vente le Prieuré de Bredons. Aucun acquéreur ne se présenta. La population, fuyant les prêtres assermentés, venait suivre à Bredons les offices des réfractaires. En 1791, la municipalité de Murat fermait l'église de Bredons. Des émeutes assez violentes s'en suivirent.

En 1795 le quartier du " Fontillou " à Murat ayant brûlé, le conseil municipal autorisa les sinistrés à prendre des pierres des bâtiments du Prieuré pour reconstruire leurs maisons. A la même époque le clocher fut démoli et reconstruit dans son état actuel.

En 1840 l'église de Bredons fut classée Monument Historique et on répara les désordres qu'avait provoqué dans les maçonneries la démolition des bâtiments du Prieuré.

Le porche de l'église

Pendant le XXème des travaux importants furent engagés. En 1920, la foudre frappa la pile engagée Sud-Ouest, au revers de la façade Ouest. La partie basse fut éclatée et entièrement remplacée. En 1921,1937,1960 on remplaça des couvertures.

Le 22 août 1991 la foudre tomba sur le toit de l'église provoquant de nombreux dégâts. En 1989, bien avant que la foudre ne s'abatte sur Bredons, les M.H. avaient envisagé des travaux sur les couvertures de l'église de Bredons pour un montant d'environ 2 millions de Francs. Bien que l'église fut classée Monument historique, et qu'elle bénéficiait de 75% de subventions, la dépense restait élevée pour la commune d'Albepierre-Bredons propriétaire de l'édifice. Au même moment, l'église du bourg d'Albepierre devait, elle aussi, être restaurée et un programme de travaux intérieurs et extérieurs pour un montant d'environ 500.000 francs avait été adopté par la municipalité.

Le 11 août 1990, le couronnement du retable de l'église d'Albepierre s'effondre !. Au sol les morceaux révèlent que le bois est totalement vermoulu, pourri par l'humidité de l'église. L'estimation de la dépense pour la consolidation et la restauration du retable qui n'est ni classé ni inscrit à l'inventaire supplémentaire des objets classés, est de 225.340 francs.
En 1990, la pression exercée par les M.H. pour faire les travaux à Bredons devenait plus forte si bien que la charge globale d'entretien des édifices cultuels s'annonçait lourde pour la commune.

La commune eut alors deux objectifs. Le premier fut de faire classer M.H. le retable d'Albepierre, pour qu'il puisse bénéficier du maximum de subventions, en contre partie d'un engagement financier aux travaux de Bredons. Cela fut obtenu :le 10 décembre 1990 le retable d'Albepierre fut inscrit à l'inventaire des M.H. ; le 9 novembre 1993 le retable fut classé MH. Le second objectif fut d'obtenir, comme l'exigeait la loi, du curé de Murat affectataire de l'église de Bredons, l'autorisation pour la commune de percevoir un droit d'entrer pour la visite de l'église de Bredons, en période de vacances scolaires, afin de trouver un financement pour l'entretien futur de cette église, et de son mobilier.

Le 22 août 1991 au soir j'avais invité l'abbé Cheminade curé de Murat, à dîner chez moi à Albepierre pour lui demander son approbation et mettre au point ensemble une convention. Ce soir là, vers 21h, un violent orage se déclencha au point de couper l'électricité à Albepierre. Le lendemain, j'apprenais les désordres causés par l'orage à la toiture de l'église de Bredons.
Suite à cet orage, la commune eut rapidement l'accord du curé de Murat. Le coût des travaux sur les couvertures de Bredons fut, pour la commune, diminué du montant versé par les assurances soit 230.000 francs…. Un regret pourtant : le travail à Bredons n'a pas été bien fait, mais ça c'est une autre histoire.


Auteur :  Jean-Louis PHILIPPART : ancien Maire d'Albepierre-Bredons
Iconographie : Photographies : Jean-Louis PHILIPPART
Source : D'après Michel JANTZEN, architecte en chef des Monuments Historiques
A voir :

Le site consacré à la commune d'Albepierre-Bredons ainsi qu'à la richesse du département du Cantal :

http://perso.wanadoo.fr/jean-louis.philippart/


Retour à la page principale
Retour