Le saint patron du village : saint Médard

Pomacle (51)

 

Statue picarde XVIe siècle

Numéro d'inventaire : M60000327

 

Une bulle du Pape Eugène III, datée du 14 décembre 1145, confirme le privilège d'immunité pour l'abbaye de Saint Remi de Reims et pour ses dépendances, dont le village de Pomacle. Un pouillé, non daté mais antérieur à 1312 nous apprend que Pomacle dépend de la doyenneté de Lavannes et se retrouve donc sous son bénéfice : "Bazancourt ; Pomacle : Parrochia de Basencurte, fundata in honore S Remigii, et est succursus villa de Pommacle, in qua villa est quedam ecclesia fundate in honore SS Medardi et Gildardi Patronus : abbas Sancti Remigii Remensis 22 lb."

Ce pouillé nous apprend entre autre que l'église de Pomacle est placée sous le double patronage de Saint Médard et de Saint Gildart. Dans la mémoire du village, ce deuxième saint, Gildart, semble avoir totalement disparu ; seul subsiste le nom de saint Médard.

Mais qui sont ces saints obscurs ? Les légendes populaires du Moyen-Age, compilées dans "La Légende dorée" de Jacques de Voragine, nous apprennent que : "Vers l'an 490… fleurirent deux frères utérins, saints Médard et Gildart, qui naquirent le même jour, moururent le même jour et furent béatifiés le même jour". Fin de citation ! Les textes ne nous en disent pas plus, du moins pour saint Gildart.

L'histoire de saint Médard nous est connue grâce à une biographie écrite par Ratbod.

Il serait né vers 456 à Salency en Picardie et aurait été élu évêque de Noyon. A la mort de saint Eleuthère, les habitants de Tournai le réclamèrent comme évêque : telle aurait été l'origine de l'union des deux évêchés qui dura jusqu'en 1114. Sa mort aurait eu lieu vers 560.

Ses reliques furent transportées à Soissons où fut érigée l'abbaye de Saint-Médard, en partie saccagée durant les Guerres de Religion. De Noyon et de Soissons, son culte rayonna à travers toute la France où plus de 70 communes portent le nom de Saint-Médard. Il est également vénéré en Belgique et en Allemagne. D'après une légende, un aigle aux ailes déployées au-dessus de sa tête, aurait protégé saint Médard de la pluie. D'où une croyance populaire très répandue, lorsqu'il pleut à la saint Médard, la pluie dure quarante jours. Le jour de la saint Médard, fêté le 8 juin, passait pour être l'anniversaire du Déluge : de là le dicton populaire : "Saint Médard, grand Pissard". C'est pourquoi il a été adopté comme patron par les fabricants et marchands de parapluie et il est également vénéré par les agriculteurs, pour invoquer la pluie. D'ailleurs lorsque la pluie miraculeuse n'était pas au rendez-vous, la population pouvait se venger sur la statue de saint Médard ; elle était aspergée d'eau et parfois même noyée.

Les migraines, les névralgies, le traitement des maladies mentales, de la folie étaient également de son ressort. Le village de Pomacle est ainsi bien protégé !


Auteur :  Yann HARLAUT
Iconographie :

Photographie : Inv. J.M. Périn - (c) Phot. Inventaire général, ADAGP, 1984.

  • Gaston DUCHET-SUCHAUX, Michel PASTOUREAU, La Bible et les saints. Guide iconographique, Flammarion : (Tout l'art), 1999, 355 p, ISBN : 2080122568.

Un outil de recherche iconographique, simple, concis et magnifiquement documenté. Il constitue une alternative au magnifique ouvrage de Louis REAU, malheureusement inaccessible.


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