Le couronnement de la Vierge

Tympan du portail central

Cathédrale de Reims (51)

Après l'Assomption, Dieu le Père ou le Christ couronne la Vierge qui devient ainsi reine des cieux.

Sur cette représentation située sur le fronton du portail central de la cathédrale, la Vierge Marie reçoit de Dieu la couronne divine. A ses pieds, le globe lunaire et au-dessus un soleil rayonnant. Six anges entourent les retrouvailles de la mère et de son fils.

Aucun texte canonique ne fait référence directement à ce thème. Deux textes cependant nous permettent d'appréhender cette iconographie :

Vingt-quatre ans après l'ascension du Christ, la Vierge désirait revoir son fils. Elle avait alors 72 ans. Un ange lui apparut et lui dit que le Christ l'attendait. A la demande de Marie, l'ange rassembla à son chevet tous les apôtres. … vers la troisième heure de la nuit, Jésus arriva avec la légion des anges, la troupe des patriarches, l'armée des martyrs, les cohortes des confesseurs et les chœurs des vierges ; et toute cette troupe sainte, rangée devant le trône de Marie, se mit à chanter des cantiques de louanges. Puis Jésus dit : " Viens, mon élue, afin que je te place sur mon trône, car je désire t'avoir près de moi ! " Et Marie : " Seigneur, je suis prête ! " Et toute la troupe sainte chanta doucement les louanges de Marie. Après quoi Marie elle-même chanta : " Toutes les générations me proclameront bienheureuse, en raison du grand honneur que me fait Celui qui peut tout ! " Et le chef du chœur céleste entonna : " Viens du Liban, fiancée, pour être couronnée ! " Et Marie : " Me voici, je viens car il a été écrit de moi que je devais faire ta volonté, ô mon Dieu, parce que mon esprit exultait en toi ! " Et ainsi l'âme de Marie sortit de son corps, et s'envola dans le sein de son fils, affranchie de la douleur comme elle l'avait été de la souillure. Et Jésus dit aux apôtres : " Transportez le corps de la Vierge dans la vallée de Joséphat, déposez-le dans un monument que vous y trouverez, et attendez-moi là pendant trois jours ! " Et aussitôt le corps de Marie fut entouré de roses et de lys, symbole des martyrs, des anges, des confesseurs et des vierges. Et ainsi l'âme de Marie fut emportée joyeusement au ciel, où elle s'assit sur le trône de gloire à la droite de son fils.

Un signe grandiose apparut au ciel : une Femme ! le soleil l'enveloppe, la lune est sous ses pieds et douze étoiles couronnent sa tête ; - elle est enceinte et crie dans les douleurs et le travail de l'enfantement. - Puis un second signe apparut au ciel : un énorme Dragon rouge-feu, à sept têtes et dix cornes, chaque tête surmontée d'un diadème. - Sa queue balaie le tiers des étoiles du ciel et les précipite sur la terre. En arrêt devant la Femme en travail, le Dragon s'apprête à dévorer son enfant aussitôt né. - Or la femme mit au monde un enfant mâle, celui qui doit mener toutes les nations avec un sceptre de fer ; - et son enfant fut enlevé jusqu'auprès de Dieu et de son trône, tandis que la Femme s'enfuyait au désert, où Dieu lui a ménagé un refuge pour qu'elle y soit nourrie mille deux cent soixante jours.

En se référant à ces textes, on peut mieux cerner l'imaginaire du Moyen Age ; imaginaire qui fut à l'origine de la riche iconographie qui orne nombre de nos édifices religieux.


Auteur :  Yann HARLAUT
Sources :

DUCHET-SUCHAUX (Gaston) et PASTOUREAU (Michel), La Bible et les Saints. Guide iconographique, 1990, 357 p.

Iconographie : Photographies : Christophe ROMEU
  • Gaston DUCHET-SUCHAUX, Michel PASTOUREAU, La Bible et les saints. Guide iconographique, Flammarion : (Tout l'art), 1999, 355 p, ISBN : 2080122568.

Un outil de recherche iconographique, simple, concis et magnifiquement documenté. Il constitue une alternative au magnifique ouvrage de Louis REAU, malheureusement inaccessible.


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