Le retable de la Vierge

Eglise de La Chapelle-Saint-Luc (10)

Ce retable fut classé Monument historique le 15 novembre 1894.

Un retable est une sculpture indépendante de l'édifice. Il est installé, le plus souvent au-dessus de l'autel principal, comme c'était sans doute le cas à l'église Saint-Luc au XVIe siècle. Il représente des scènes de l'histoire religieuse, et est pour le grand public, un livre d'images, "véritable Bible des pauvres", au même titre que les vitraux.

Ce retable date de la seconde moitié du XVIe siècle. Il évoque la vie de la Vierge Marie et se décompose en 5 scènes :

La rencontre d'Anne et de Joachim

Cette histoire nous est parvenue par la Légende dorée de Jacques de Voragine d'après le Prologue de Saint Jérôme. Joachim et Anne s'étaient mariés et malgré leur grande piété n'avaient pas d'enfant. Ils firent alors vœu que, si Dieu leur accordait un enfant, ils le voueraient au service divin. Le jour de la fête de la Dédicace, Joachim se rendit au Temple, à Jérusalem, pour présenter ses offrandes. Mais le prêtre le repoussa avec indignation car il l'accusait d'être maudit. Joachim, confus, ne retourna pas chez lui et s'en alla séjourner avec ses bergers. Un ange lui apparut et lui dit : "Sache donc que […] Anne, ta femme, te donnera une fille que tu appelleras Marie […] Et, de même qu'elle sera née d'une mère stérile, d'elle naîtra miraculeusement le Fils du Très-Haut, qui aura nom Jésus, et qui apportera le salut à toutes les nations. Quant au signe qui te prouvera la vérité de mes paroles, écoute ! En arrivant à la Porte d'Or, à Jérusalem, tu rencontreras ta femme Anne, qui, inquiète de ta longue absence, se réjouira grandement de ta vue !" Ensuite, l'ange le quitta et fit la même déclaration à sa femme. Ainsi tous deux vont au devant l'un de l'autre assurés d'avoir l'enfant miraculeux.

La naissance de Marie

Selon le dogme de l'Immaculée Conception, Marie serait née "sans pêché", comme Jésus, d'une baiser échangé entre Anne et Joachim à la Porte d'Or.

L'Annonciation

C'est à Saint Luc que l'on doit le texte fondamental de l'Annonciation. L'archange Gabriel annonce à Marie qu'elle va mettre au monde un fils, Jésus, qui "sera appelé fils du Très-Haut".

La Présentation au Temple

Cet épisode de la vie du Christ nous est uniquement rapporté par l'évangile de Saint Luc. Selon les prescriptions de loi hébraïque, les parents de Jésus se rendent à Jérusalem pour présenter leur premier-né au Seigneur et offrir un sacrifice. Or le vieillard Siméon, un Juste, avait reçu l'assurance de Dieu de ne pas mourir avant d'avoir vu le Sauveur. Poussé par l'esprit Siméon arrive au temple et prenant Jésus dans ses bras il adresse ses mots à Dieu : "Maintenant, Maître, c'est en paix […] que tu renvoies ton serviteur. Car mes yeux ont vu ton salut […] lumière pour la révélation aux païens".

L'Assomption

La croyance en l'Assomption de Marie qui est élevée au ciel après sa mort, met très longtemps à s'imposer. Cette tradition est rapportée par la Légende dorée de Jacques de Voragine d'après un écrit apocryphe, attribué à Saint Jean. Dans l'Eglise d'Orient, on a d'abord fêté seulement la Dormition, c'est à dire le "sommeil" de la Vierge, et l'élévation de l'âme seule. En Occident cette doctrine prend forme entre le IXe et le XIIe siècle. Elle est confirmée par les grands théologiens du XIIIe siècle. L'art illustre essentiellement l'Assomption corporelle de Marie qui monte au ciel portée par les Anges. Comme son fils, Marie ressuscite selon cette version, trois jours auprès sa mort et son corps est enlevé au ciel par des anges. Au bas est reproduit l'épisode de Saint Thomas. Thomas n'était pas avec les autres apôtres au dernier soupir de Marie ; il était arrivé trop tard ! Trois jours après, il se rendit au tombeau de la Vierge, qu'il trouva vide, mais levant les yeux au ciel, il vit Marie qui y montait environné d'une gloire resplendissante de lumière, au milieu d'un concert d'anges et aux acclamations des saints. Au même instant, la ceinture de Marie tomba du ciel et Saint Thomas la reçut. Alors sa foi en la Vierge fut plus vive que celle des autres apôtres.


Auteur :  Yann HARLAUT
Sources :

FICHOT (Charles), Statistique monumentale du département de l'Aube, tome 1, 1884.

Jacques de VORAGINE, La Légende dorée, traduction par Teodor de Wyzewa, Editions du Seuil, 1998, 742 p.

Iconographie : Photographie : Yann HARLAUT
  • Roger DONON et Yann HARLAUT, Mémoire en Images. La Chapelle-Saint-Luc , Editions Alan Sutton, 205, 128 p, ISBN : 2842538943.
  • Gaston DUCHET-SUCHAUX, Michel PASTOUREAU, La Bible et les saints. Guide iconographique, Flammarion : (Tout l'art), 1999, 355 p, ISBN : 2080122568.

Un outil de recherche iconographique, simple, concis et magnifiquement documenté. Il constitue une alternative au magnifique ouvrage de Louis REAU, malheureusement inaccessible.


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