Le Cardinal Luçon |
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La figure du cardinal Luçon se trouve liée au mythe de la cathédrale martyre et à sa genèse, l'incendie du 19 septembre 1914. Pourtant, l'archevêque de Reims n'était pas à Reims lors de ces premiers bombardements. Il est alors à Rome, suite au décès, le 20 août 1914 du pape Pie X. Il part le 24 août pour le Conclave et arrive le 27 au Vatican. Après quatre jours de délibérations, monseigneur Della Chiesa, archevêque de Bologne, est élu et prend le nom de Benoît XV (1914-1922). Apprenant l'occupation de Reims et les premiers bombardements du 4 septembre, le cardinal Luçon repart en urgence pour sa ville épiscopale. |
Il est de retour à Paris le 9 septembre, mais la route en direction de Reims est alors strictement interdite. Ce sont les journaux qui lui apprendront le terrible incendie du 19 septembre 1914. Ce n'est que deux jours après, le 21, que l'archevêque rentre dans sa ville meurtrie. Il devient l'interlocuteur privilégié dans les domaines afférents à la cathédrale de Reims. L'architecte américain Whitney Warren, le compare à un chef militaire : « Parmi tous les héros de la guerre, il n'est pas de plus pure figure que celle de ce prince de l'Eglise, sans peur, sans amertume, fidèle au poste comme le commandant d'un dreadnought en action. » Les journalistes, hommes de lettres, politiques qui se rendent à Reims, veulent tous rencontrer le vénérable cardinal. Tout comme les chefs militaires, le cardinal Luçon est représenté en pleine page dans L'Illustration du 19 février 1916. Le 16 septembre 1916, à l'occasion du second anniversaire de la « Victoire de la Marne », un nouvel article lui est consacré dans L'Illustration : « Avec une bravoure qui ignore le danger, avec une humilité qui ne se rend pas compte de sa bravoure, ce vieillard de 74 ans a choisi sa demeure au point le plus exposé de la cité martyre, à deux pas de sa Notre-Dame mutilée[…] Ame de citoyen autant que de prêtre, vivante démonstration de ce que la foi chrétienne peut ajouter au patriotisme le plus pur ! » Ce véritable panégyrique illustre parfaitement l'image créée autour de cette personnalité, alliance du patriotisme et de la religion. Le cardinal Luçon est, à maintes reprises, décoré. Le 25 août 1915, il reçoit le titre de « Président d'Honneur de la Croix-Rouge » . Pour ses actes passés à Reims et sur demande du député de Reims, Camille Lenoir, le cardinal Luçon est décoré de la Légion d'honneur par le Président de la République Raymond Poincaré. Le 11 août 1922, il devient officier de la Légion d'honneur. Le 3 novembre 1925, il reçoit de la main de l'ambassadeur de Belgique en France, la Grand Croix de l'Ordre de Léopold II . Le 5 décembre 1927, le consul d'Italie lui remet le Grand Cordon et la Grande Croix de l'Ordre de la Couronne d'Italie. |