L’occupation de Pomacle
durant la Première Guerre mondiale

Après la Guerre de 1870, Reims est choisie, avec La Fère et Laon, pour constituer la seconde ligne de fortifications chargée de défendre la nouvelle frontière du Nord-Est. Ce réseau défensif est élaboré en 1873 par le général Séré de Rivières (1818-1895) et comprend les édifices suivants : fort de Brimont, batterie du Cran de Brimont, fort de Fresne, fort de Witry-les-Reims, vigie et batterie de Berru, fort de Nogent-l’Abbesse, fort de La Pompelle, fort de Montbré, réduit de Chenay, fort de Saint-Thierry et batterie de Loivre. Suite à de grandes tensions internationales et à l’attentat de Sarajevo, l’Europe s’embrase.

Le 2 août 1914, c’est la mobilisation générale. Chaque famille de France voit au moins un des siens partir au combat. Les troupes allemandes envahissent la Belgique puis le Nord de la France. Le 2 septembre 1914, suite à la retraite de l’armée française, les habitants de Pomacle sont obligés de fuir leur village. Cependant ils sont rapidement devancés par l’armée allemande et doivent alors faire demi-tour et rentrer chez eux. Profitant d’une erreur stratégique de l’armée allemande, Joffre ordonne une contre-offensive. C’est le « Miracle de la Marne », l’armée allemande est contrainte de reculer mais s’installe solidement sur les forts de la « Ceinture fortifiée de Reims ». Le front se stabilise et durant quatre années, Pomacle, occupé, se trouve à proximité immédiate de la zone des combats.

Pour éviter toute velléité insurrectionnelle, les Allemands menacent systématiquement de fusiller en représailles des otages. Les notables de chaque village occupé – instituteur, maire ou prêtre – sont désignés et consignés chez eux. Si certains Allemands furent corrects, d’autres pillent les maisons désertées et volent dans les jardins et les potagers. Parfois, ces larcins prennent des formes administratives : perquisitions ou réquisitions. Les habitants des villages occupés sont obligés de fournir des chambres et de travailler pour l’occupant. Tous les matins, vers 7h30, a lieu l’appel des villageois et même les enfants doivent s’y présenter. Le ravitaillement des civils est assuré par le Syndicat Hispano-Américain de Ravitaillement de la Région de Rethel. On peut alors se fournir en denrées telles biscuit, lait en poudre, lard fumé, végétaline, toréaline, riz… en quantités bien insuffisantes.

En 1917, la pression de l’armée française est de plus en plus forte. Le 19 mars, sur ordre de l’autorité allemande, les habitants sont évacués et dirigés via la gare de Bazancourt vers les Ardennes. Les habitants de Douzy, de Villers-Cernay puis des alentours hébergent les familles pomacaines expatriées.L’Armistice signé le 11 novembre 1918 permet aux premiers habitants de Pomacle de rejoindre leur village, ravagé par la guerre. Avant de battre en retraite, les Allemands ont miné et détruit l’église du village. Au moins les 4/5e des habitations sont sérieusement endommagées. C’est d’abord dans des maisons en ruine que les Pomacains vivent. Puis sur la demande des sinistrés, l’Office des Régions Libérées met des baraquements préfabriqués à leur disposition. Pour beaucoup, ce logement provisoire va au moins durer quatre ans.


  • Yann Harlaut, Mémoire en Images. Le Canton de Bourgogne, Editions Alan Sutton, 2006, 128 p, ISBN : 2849105198.

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