Introduction :

Cet essai, sur l'histoire locale des communes situées au Nord de Reims, a pour objectif de retracer l'histoire, l'économie et la société des habitants des communes de : Bourgogne, Caurel, Frène-lès-Reims, Isles-sur-Suippes, Lavannes, Pomacle et Witry-lès-Reims, des origines à 1815. Ce choix chronologique tient du fait que l'histoire locale reste assez bien connue par ses habitants, exceptée la période post-XIXe siècle, qui  reste encore très obscure dans les esprits. Cette étude doit aussi être envisagée dans un contexte bien précis : celui de Reims, “ ville-capitale ”  qui depuis l'époque gallo-romaine exerce une forte influence sur les campagnes environnantes.

Fig. 1 : carte de localisation 
des communes au nord de Reims.

I/ “ Les temps préhistoriques : sédentarisation et défrichements ” :

1) Du paléolithique au néolithique :

Avant le Xe millénaire, très peu de traces d'occupation ont pu être mises à jour. La région, par l'importance de son réseau hydrographique, est plutôt un lieu de passage, voire même une voie de pénétration, qu'un lieu d'implantation humaine. Ce n'est qu'à partir de 1000 avant J-C., que l'on trouve la trace de sédentarisation des chasseurs et collecteurs du paléolithique, s'installant dans les vallées depuis que cette région offre un climat tempéré et donc propice à la mise en culture.

A partir du IIIe millénaire, on assiste au néolithique à une révolution rurale, attestée par l'extension de l'occupation agricole liée à de nombreux défrichements, qui servent à la fois à la création de pacages et de terres cultivables. Ceci a pour effet de permettre une augmentation de la population et d'arriver à une densité de population importante pour l'époque, estimée à environ 10 hab./km². En fait, cette extension s'est traduite par la mise en valeur des plateaux.

2) De l'Age du Bronze à l'Age du Fer :

Par contre, à l'Age du Bronze, on assiste à un recul démographique qui se traduit par un abandon progressif des plateaux et une concentration de la population près des fleuves, puis des rebords de plateaux et des vallées (période du Hallstatt), ainsi que des terres crayeuses (période de la Tène).

Mais, les premières concentrations typiquement urbaines n'ont eu lieu qu'à partir de la période gallo-romaine. Si l'on compare l'occupation humaine actuelle et celle de la protohistoire, on peut constater une similitude avec l'occupation humaine  des plateaux au néolithique et des terres crayeuses à l'époque de la Tène.

3) Les témoignages archéologiques :

Sur la carte ci-contre, notre zone est bien marquée par la période préhistorique : dénombrant 16 habitats et 18 nécropoles localisés : ce qui offre spacialement une couverture assez homogène.

Fig. 2 : carte des sites archéologiques localisés pour la période préhistorique dans les communes au nord de Reims.

Malheureusement, nous ne disposons des découvertes des archéologues. Sur les zones où figure seulement une nécropole, tout porte à penser qu'un habitat était proche, puisque normalement, l'un ne va pas sans l'autre. Selon cette hypothèse, on peut estimer à 28 groupements humains préhistoriques, plus ou moins localisés. Mais, il faut ajouter ceux qui n'ont sûrement jamais été découverts.


Fig. 3 : tableau de datation des découvertes archéologiques, localisées ou non, situées sur le territoire des communes au nord de Reims pour la période préhistorique.

Le tableau ci-dessus, confirme l'hypothèse de la forte densité de population pour l'ensemble de la période préhistorique. Le chiffre de 10 hab./km² donné pour l'ensemble de la Champagne à l'époque peut donc être considéré comme valable pour la portion étudiée.

Ainsi, dans le triangle Witry, Isles, Bourgogne, des défrichements importants ont été effectués tout au long de la période préhistorique. Comme le reste de la région, cela a dû contribuer à l'assécher suite à la destruction de sa forêt, pour prendre l'aspect visuel que l'on peut contempler encore de nos jours : des terres nues ponctuées par quelques bois et bosquets, vestiges de la couverture forestière passée.

II/ La période gallo-romaine : "  Paix, prospérité, invasions… "

1) Une domination romaine voulue :

Au Ier siècle avant J-C., la Champagne était divisée entre plusieurs peuples gaulois. La portion territoriale qui nous intéresse se situait sur le territoire des Rèmes (peuple de souche germanique membre de la confédération belge). En 57 avant J-C., allant à l'encontre de la décision prise lors de l'assemblée générale des belges, qui se prononça pour la guerre, sous la direction du général suession Galba, les Rèmes se rallièrent à César venu conquérir la Gaule chevelue. En retour, ce dernier laissa stationner chaque hiver des légions afin de protéger ce peuple et leurs récoltes abondantes. Ainsi, le pays rème servit de nombreuses fois de base de départ aux armées romaines dans la poursuite de leurs conquêtes. Fin 51 avant J-C., César proclama la Gaule chevelue province romaine et donna aux Rèmes le titre " d'alliés des romains ". Il fit de Durocortorum (Reims, capitale des Rèmes) la capitale de ce que fut par la suite la province de la Belgique seconde.

Fig. 4 : carte de localisation des peuples gaulois en Champagne-Ardenne au début de l'époque gallo-romain

Les Rèmes vinrent en aide une seconde fois aux romains lors de la crise de succession des années 68/70, qui secoua l'ensemble du monde romain. Les Lingons voulaient créer une Gaule indépendante, alors les Rèmes réunirent un "concilium galliae" dans leur capitale, où l'alternative de l'indépendance ou de la paix fut posée. Après discussion, ils décidèrent de se ranger du côté du Rème Julius Auspex fervent défenseur de la paix romaine. Les Lingons furent ainsi soumis.

2) La " Paix romaine ", période de prospérité agricole :

Les auteurs anciens, tels Strabon, Pompinus Méla ou encore Pline, font état de la prospérité agricole de la Gaule. Du Ier au IIIe siècle de notre ère, période définie comme étant celle de la Pax romana (ou " Paix romaine "), on peut parler pour notre cadre géographique de prospérité agricole.

A cette époque que les céréales deviennent la production dominante, avec le blé comme base de l'alimentation et l'orge servant à la fabrication de la bière. En parallèle, se développent aussi la mise en culture de vignobles sur les coteaux et l'élevage de chevaux, de bovins et de porcins.

A cette époque, on assiste à un accroissement de la population, car Reims, capitale de province, n'était pas le seul lieu de concentration de l'habitat. Il faut compter aussi sur d'autres agglomérations plus modestes, attestées par les fouilles archéologiques. Ce fut surtout la période d'installation et de développement de petits villages et de petites agglomérations. De plus on a retrouvé trace de plusieurs villae : véritables centres d'exploitation, présentant un corps principal de bâtiments, entouré de dépendances diverses. Ils pouvent atteindre jusqu'à 400m de long, le tout entouré d'une double enceinte construite souvent au Ier siècle. Ces villae sont richement décorés avec de nombreux ensembles géométriques peints, des mosaïques, du marbre et des sculptures : preuves de la prospérité agricole des campagnes.
Fig. 5 : carte de localisation des sites archéologiques découverts pour la période gallo-romaine.

La région disposait aussi d'un réseau routier important. Elle était traversée surtout (dans le secteur qui nous concerne) par deux voies importantes : la voie Reims-Cologne à l'ouest et la voie Reims-Trèves à l'est, qui date du règne de l'empereur Claude et qui fut fortifiée à partir de Dioclétien. Ces routes furent entretenues jusqu'à la fin du VIe siècle de notre ère. Elles avaient pour fondation du gravier et des pierres concassées, revêtues au mortier de chaux et de sable, leur largeur était comprise entre 3m50 et 6m.

Ces grands axes routiers permettaient de commercer les produits locaux dans tout l'empire, tant la Gaule était considérée à l'époque comme un grenier à blé.

3) Religion romaine et implantation du Christianisme :

A l'époque, Mercure était le dieu dominant de la région, comme l'attestent les nombreux enclos retrouvés le long des routes et des rivières.

L'évangélisation fut lente et tardive. Son origine est datée entre le milieu du IIIe siècle et le début du IVe siècle. Le premier évêque est attesté, par les textes, à Reims au IIIe siècle. Mais, il faudra attendre le début du Ve siècle pour voir s'ériger à Reims une première cathédrale, œuvre de l'évêque Nicaise (d'origine grecque) et attendre la fin de ce même siècle (498) pour y voir Clovis s'y faire baptiser avec 3000 de ses guerriers.

L'implantation du christianisme fut donc très lente vers les villes, mais encore plus lente pour atteindre les campagnes.

4) Le temps des incursions barbares :

A partir de la fin du IIIe siècle, on entre dans une période difficile : la région subit les premiers chocs directs des incursions barbares. C'est l'époque aussi où les noms de ville changent au profit des noms ethniques. Ainsi Durocortorum se fait appeler cité des Rèmes.

En 253/254, les Francs franchissent le limes (le système défensif qui est aux frontières de l'empire) et pillent les campagnes autour de Reims avant de continuer leur route vers Paris. En 259/260, la région est sujette à de nouvelles incursions. En 275, Francs, Burgondes et Vandales dévastent Reims et toutes les campagnes alentours. Pour assurer la défense de la frontière du Nord-Est, l'empereur Dioclétien nomme Maximien (284), puis Constance (293), qui menèrent une politique systématique d'installation de prisonniers Francs, Frisons et Sarmates dans des endroits dépeuplés, pauvres ou à défricher, mais à potentiel stratégique omportant dans la défense de la province. Appelés Lètes, ces Germains étaient attachés au sol et astreints à un service militaire. Ils étaient surtout localisés, dans la zone qui nous occupe, autour de Reims.

Reims devient alors un des principaux centres militaires du Nord de la Gaule. Au milieu du IVe siècle, Reims servait de point d'appui à de nombreux corps de troupes. L'empereur Valentinien y séjourna même de 366 à 367.

En 406/407, une attaque massive des Vandales mit Reims et sa campagne à feu et à sang, ainsi que sa Cathédrale où l'évêque Nicaise eut la tête tranchée sur son parvis en voulant empêcher ces barbares de piller son église, dans laquelle la population s'était réfugiée. En 451, les Huns commandés par Attila passèrent par Reims et sa campagne et firent de nouveaux massacres et pillages.

Après 481, la région fut dominée par les chefs militaires barbares, puis passa sous le contrôle du roi du petit royaume de Tournai (au Nord), dont son fils, Clovis, hérita à sa mort.

III/ Le Moyen Age ou la domination du chapitre cathédrale :

1) Une prospérité retrouvée :

Les incursions barbares des IIIe-IVe siècle ruinèrent totalement l'agriculture de la région. Il faudra attendre le VIe siècle pour voir l'agriculture se relever. Mais des invasions normandes aux IXe-Xe ont pour effet de ralentir ce redémarrage. A partir du XIe siècle, la Trêve et Paix de Dieu mises en place par l'église puis relayés par la paix du prince puis celle du roi contribuèrent à ramener la paix et la tranquillité à l'intérieur des frontières du jeune royaume de France. C'est à partir de cette période, que la région retrouve sa prospérité agricole, moteur de l'édification de nombreux édifices à caractère religieux : la cathédrale de Reims, la basilique Saint-Remy, l'abbaye Saint-Nicaise, ainsi que toutes les petites églises de campagne. Cette prospérité est attestée dans les chansons de l'époque, comme celle intitulée :  " Le Comté de Brie ", datant du XIVe siècle, chanson royale où deux vers ont été écrits en l'honneur de la région :

" … Car Champagne est la forme de tout bien,
De blé, de vin, de foin et de litière… "

La région bénéficie aussi d'une position stratégique non-négligeable. Elle est le lieu de passage des marchands et des marchandises entre l'Angleterre et Rome. La créations du cycle des foires de Champagne sert ensuite de moteur économique, atout commercial supplémentaire et non négligeable permettant d'écouler les surplus agricoles…

2) L'Eglise de Reims "seigneur laïc" :

L'Eglise catholique est bien implantée à Reims, avec un archevêque à sa tête et un ensemble de 17 églises (5 intra muros et 12 réparties dans les faubourgs). Elle va peu à peu conquérir les campagnes, aussi bien spirituellement que territorialement. Ce fut l'occasion pour Saint-Remy de les visiter et de les bénir. Faisant partie des possessions royales, les alentours de Reims furent cédés à son église, pour être par la suite inféodés à des laïcs. Ainsi, l'ensemble des petits villages autour de Reims appartenaient soit directement au chapitre Notre-Dame, soit à une église qui en dépendait.

3) Une ruralité en mouvement , l'apparition de nouveaux villages :

Witry-lès-Reims a joué un rôle important dans l'apparition de nouveaux villages. Au Moyen Age, cette localité dépendait du chapitre Saint-Symphorien de Reims, confirmé par la charte de Raoul, archevêque de Reims, qui octroie à ce chapitre en 1119 :

" … la manse seigneuriale de Witry avec tout le village, avec sa vicomté,
le droit de justice et tous les autres droits existants dans ledit village… "

Fig. 6 : carte de localisation des nouveaux villages du Moyen Age.






De Witry dépendait trois villages : Maireium (La Mairie), Burigny et Marqueuse. Courtmartin était desservie par Caurel, qui dépendait comme La Mairie et La Neuville-lès-Burigny (construit cent ans plus tard) du chapitre Notre-Dame. Le village de Burigny, construit vers le VIe siècle, dépendit de l'archevêque de Reims jusqu'en 1258, date de transmission au Chapitre Notre-Dame. Mais sa chapelle dépendait de la paroisse de Witry.

Le village de Marqueuse, édifié vers le VIIIe siècle, fut acquis par ce même chapitre en 1233, mais dépend aussi de la paroisse de Witry. La Neuville-lès-Burigny, fut construite par le chapitre Cathédrale au XIIIe siècle, à cause de la destruction des villages de La Mairie, Ancillaire et Barysis (ces deux derniers dépendant de la paroisse de Frène). C'est en fait une colonie implantée sur le territoire de Marqueuse. Quant à Courtmartin, il fut fondé vers le VIIIe siècle et dépend de la paroisse de Caurel. Ainsi, la région autour de Reims était placée sous la direction du chapitre Notre-Dame, qui tel un seigneur laïc, percevait impôts, taxes et redevances seigneuriales.
Fig. 7 : tableau de rattachement des paroisses au 
Moyen Age.

4) La guerre de Cent Ans et ses fléaux :

Dès 1295, le roi de France enjoignit les Rémois à fortifier leur ville. Une fois la muraille construite, ce fut autour de Witry-lès-Reims de prendre le relais et d'édifier un rempart protégé par un fossé de 10 à 12 mètres de large. Les villages alentours suivirent. Bourgogne, Lavannes ou bien encore Pomacle se virent pourvus de fortifications, qui elles, n'avaient pas l'allure de grandes enceintes de pierres ou de bois, mais plutôt comme à Pomacle d'un amas de terre constitué lors du creusement du fossé entourant le village.

En 1333, la guerre de Cent Ans éclate. Ce conflit opposa le royaume de France à celui d'Angleterre pendant plus d'un siècle, suite à la revendication du trône de France par le souverain anglais. En 1359, la région fut dévastée par les armées anglaises lors du siège de Reims par Edouard III, roi d'Angleterre, qui voulait se faire sacrer roi de France.

Le bilan de cette guerre fut très lourd pour la région : elle fut dévastée et son économie une nouvelle fois ruinée. Mais le coup le plus dur fut celui de 1483, où la guerre, vecteur de calamités, amena de nombreuses épidémies, dont la principale fut la lèpre.

Après l'installation des Francs et malgré les vagues d'invasions normandes, la région a su retrouver une prospérité économique grâce à son agriculture toujours aussi florissante. Mais les fléaux drainés par la guerre de Cent Ans réduirent une nouvelle fois à néant l'économie des campagnes.

IV/ D'une crise rurale profonde à la Révolution Française :

1) Une ruralité à l'agonie :

L'époque moderne fut une des heures les plus sombres pour la région. Sa position proche de la frontière lui apporta les malheurs de la guerre : guerres fréquentes contre l'Espagne, Fronde et Guerre de Trente ans.

La pauvreté des campagnes fut tel que de nombreux villages furent rayés de la carte. Il s'agit pour la plupart de ceux construits au Moyen Age : Courtmartin détruit en 1450, La-Neuville-lès-Burigny en 1530, ainsi que Burigny et Marqueuse en 1650. En fait, les villageois ont abandonné leurs villages pour aller combler les vides de populations des villages plus importants : Marqueuse et Burigny ont été abandonné au profit de Witry-lès-Reims. Ces mouvements de population attestent bien le recul démographique auquel la région a été soumise.

Communes Nombre de feux Nombre d'habitants
Bazancourt 40 140
Pomacle 40 140
Fresne-lès-Reims 35 122
Isles-sur-Suippes 25 84
Lavannes 100 350
Caurel 80 280
Witry-lès-Reims 140 490

Fig. 8 : tableau du recensement de la population des communes au Nord de Reims en1669.

Cette pauvreté extrême dans laquelle est tombée la région est également attestée par une ordonnance royale datée du 16 février 1651, disant ceci :

" … des villages de sa frontière de Picardie et de Champagne sont réduits à la mendicité et à une entière misère pour avoir été exposé aux pillages et hostilités des ennemis et aux passages et logements de toutes ces armées… "

Une autre ordonnance, datée du 22 juin 1659, reprendra ces termes mais cette fois uniquement pour la Champagne.

Le XVIIe siècle, avec la Guerre de Trente Ans et la Fronde, a vu la Champagne tomber dans un état d'appauvrissement tel, qu'il fallut attendre la fin du XIXe siècle pour en voir le bout.

2) Révolution Française et divisions administratives :

Louis XVI décida de convoquer les Etats-généraux pour 1789, afin de résoudre une crise financière de plus en plus alarmante. Tout comme les autres régions de France, chaque division doit rédiger un cahier de doléance.

La division (ou département) de Pontfaverger comprenait les localités de : Bétheniville, Witry-lès-Reims, Saint-Hilaire-le-Petit, Moronvillers, Hauviné, Saint-Clément, Saint-Pierre-à-Arne, Prosnes, Epoye, Berru, Caurel, Lavannes, Nogent-l'Abbesse et Beine.

L'ensemble de ces communes élirent 34 délégués au premier tour, qui eux-mêmes élirent 10 membres (dont deux des trois envoyés par Witry-lès-Reims) et choisirent monsieur Pierre-Benoît Boileau pour concourir à la rédaction du cahier des doléances du Tiers Etat du bailliage de Reims.

Une fois les premiers chocs de la Révolution Française passés, il y eut sur nos communes l'abjudication des biens du clergé, suite logique donnée après leur confiscation. La totalité des biens appartenant soit aux communautés religieuses soit aux églises, qui furent mises aux enchères. Pour la commune de Witry-lès-Reims, 133 arpents subirent ce sort et 36 pour la commune de Caurel.

3) Une ruralité restée très attachée au catholicisme :

De 1794 à 1795, des mouvements de contestations enregistrés aussi bien à Witry, que dans les communes alentours, tournent souvent à l'émeute. La population manifestait clairement son mécontentement envers le sort qui était réservé à la religion, les églises étant souvent livrées aux vandales ou bien rebaptisées Temple de la Raison . En fait, la population rurale restait très attachée à la religion catholique.

Les seuls prêtres à accepter la constitution civile du clergé furent ceux de Caurel. Dès le 20 août 1795, le premier baptême civil eu lieu et l'année suivante ce furent pas moins d'une centaine d'enfants qui reçurent leur première communion. Dans les autres paroisses, la messe avait toujours lieu, mais elle était devenue secrète et se pratiquait dans des caves. De nombreux curés réfractaires à la constitution imposée au clergé s'étaient réfugiés à Béru, devenu le centre de la réaction catholique des campagnes.

La liberté religieuse revint en l'an 1797, mais ce n'est qu'après la signature d'un concordat avec le pape Pie VII, en 1802, que les fidèles revinrent en foule assister aux offices religieux. Ce retour en masse est attesté à Witry par le registre de location des bancs de l'église de cette commune, qui en 1804, enregistra 2886F de droit de location et 394F de plus l'année suivante.

4) Conscription de l'an IX et colère rurale :

La conscription de l'an IX (1800) eut lieu dans la région en l'an XI, c'est à dire en 1802. Les communes de Witry, Caurel, Lavannes et Isles-sur-Suippes durent fournir 3 soldats pour l'armée active et trois soldats pour l'armée de réserve.

L'année 1808 fut marquée par de nombreuses réquisitions de voitures, chevaux et vivres, pour la grande armée de Napoléon. Ces incessantes réquisitions firent naître dans la population un début de mécontentement, qui s'accrut fortement l'année suivante, malgré les victoires militaires de l'empereur.

Après les deux bonnes récoltes de 1813 et 1814, la région tombe dans une grande misère, suite au désastre de Waterloo et l'occupation par les troupes russes. Il fallait les entretenir dans un climat économique difficile car les mauvaises récoltes se succédèrent ces années là.

Conclusion :

Les communes de Bourgogne, Caurel, Frène-lès-Reims, d'Isles-sur-Suippes, Lavannes, Pomacle et Witry-lès-Reims furent honorées du passage de Charlemagne, de Pépin-le-Bref, ou bien encore de Charles-Martel. Saint-Remy les a visitées et bénies. Elles ont assisté au baptême de Clovis, et ont même vu sous leurs murs les légions de César dresser leur campement.

Ces communes possèdent un riche passé historique et ont pour atout un fort potentiel économique grâce à leur agriculture, qui leur apporte prospérité et abondance. Mais les guerres, véritables fléaux de tout temps pour la région, ruinèrent sans cesse l'économie.

En fait, l'histoire de la région peut se résumer en une succession de périodes prospères, ponctuées par des guerres qui ruinèrent l'économie et firent repartir les habitants sans cesse de zéro.


Auteur :  Christophe ROMEU
  • Yann Harlaut, Mémoire en Images. Le Canton de Bourgogne, Editions Alan Sutton, 2006, 128 p, ISBN : 2849105198.
Bibliographie :
M. CRUBELIER (sous la direction de), Histoire de la Champagne , Toulouse, Privat, 1975 (réed. 1988), 470 p.
Abbé DESAILLY, Histoire de Witry et des villages situés autrefois sur son territoire ou relevant de son église et actuellement détruits (Burigny, Marqueuse, Courtmartin, La Mairie, La Neuville-lès-Burigny) , Reims, 1870, 340 p.
S.R.A., Site communal de Bourgogne , D.R.A.C., Châlons-en-Champagne.
S.R.A., Site communal de Caurel , D.R.A.C., Châlons-en-Champagne.
S.R.A., Site communal de Frène-lès-Reims , D.R.A.C., Châlons-en-Champagne.
S.R.A., Site communal de Isles-sur-Suippes , D.R.A.C., Châlons-en-Champagne.
S.R.A., Site communal de Lavannes , D.R.A.C., Châlons-en-Champagne.
S.R.A., Site communal de Pomacle , D.R.A.C., Châlons-en-Champagne.
S.R.A., Site communal de Witry-lès-Reims , D.R.A.C., Châlons-en-Champagne.

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