La cérémonie du Sacre des rois de France
L’ordre du Sacre et du Couronnement des rois de France a été reproduits, d’après le Ms. lat. 1246 de la Bibliothèque Nationale rédigé vers 1280, par Ulysse Chevalier dans sa Bibliothèque liturgique, t. VII, Paris, 1900, p 222 et suivante.


Le roi arrive à Reims la veille qui est un samedi, le Sacre ayant lieu un dimanche. Il descend à l’archevêché qui devient pour l’instant un palais royal. Un échafaudage qu’on atteint par des escaliers, a été préparé au milieu de la cathédrale, « entre les deux chœurs », c’est à dire entre les deux rangées de stalles occupant les dernières travées de la nef. Après les complies de samedi, un peloton, composé des gardiens ordinaires et de délégués de la suite royale, surveille les portes de l’église pour que le roi puisse y faire une prière nocturne sans être dérangé ; le matin venu, on ne laisse entrer que les chanoines et le clergé, puis le roi lui-même, accompagné de l’archevêché, d’évêque et de barons, enfin ceux qui possèdent une autorisation du roi : quos intromittere voluerit.

Des sièges sont disposés autour de l’autel, sur lesquels prennent place les prélats et les pairs du royaume. Entre prime et tierce arrivent les moines de Saint-Remi en procession avec la sainte ampoule. L’archevêque va à leur rencontre vers l’abbaye de Saint-Denis-hors-murs, au-delà du parvis, ou, si la foule assemblée sur la place se fait par trop dense, vers le portail seulement. Il reçoit l’ampoule de la main de l’abbé qu’il conduit à l’intérieur, tandis que les moines attendent la fin des cérémonies et le retour de l’ampoule, soit à Saint-Denis, soit à la chapelle de Saint-Nicolas-de-l’Hôpital. Ont été posés déjà préalablement sur l’autel les insignes royaux : la couronne, l’épée dans son fourreau, les éperons d’or, le sceptre et une verge surmontée d’une main d’ivoire, que l’abbé de Saint-Denis-en-France a apportés à Reims et qu’il surveille lui-même, debout à côté de l’autel. Le roi enlève ses vêtements, à l’exception d’une tunique de soie et d’une chemise, ouvertes sur la poitrine et entre les épaules.
 
Il est chaussé d’abord de sandales de pourpre, semés de lis d’or, par le grand chambellan de France, le duc de Bourgogne lui met les éperons, l’archevêque le ceint de l’épée qu’il tire du fourreau et lui donne entre les mains ; le roi la passe au sénéchal de France qui la portera devant lui dans l’église et plus tard à la tête du cortège se rendant à l’archevêché. Puis l’archevêque ouvre la sainte ampoule, en retire une petite quantité du saint chrême, à l’aide d’une aiguille d’or, et la mélange au chrême préparé pour le Sacre du roi « qui seul parmi tous les princes de la terre excelle par le glorieux privilège d’être oint d’une huile envoyée du ciel ». 

Le prélat l’oint sur la tête, sur la poitrine, entre les épaules et sur les jointures des bras, alors que les assistants entonnent l’antiphone : Ils ont oint Salomon roi. Après cela, le chambellan de France remet au roi une tunique de pourpre et une chlamyde, l’archevêque lui donne le sceptre dans la main droite et la verge dans la main gauche, prend la couronne de l’autel et la pose sur la tête du roi, tandis que les pairs ecclésiastiques et laïques du royaume la soutiennent de toute part. Entourant ainsi le roi, ils le conduisent sur l’échafaudage revêtu et orné de tapisseries, où il prend place sur un siège éminent, afin d’être vu de tout le monde. Après la messe, le roi redescend et reçoit les sacrements sous les deux espèces devant l’autel, de la main de l’archevêque. Enfin, celui-ci lui enlève la couronne et lui en impose une autre, plus légère, et c’est ainsi qu’ils se rendent au palais, acclamés par la foule.



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