Auguste Rodin

(Paris, 14 novembre 1840 - Meudon, 16 février 1917)

François-Auguste-René Rodin est né le 14 novembre 1840, rue de l'Arbalète à Paris. Son père Jean-Baptiste Rodin, qui appartient à une famille de rouliers, a quitté sa Normandie natale vers 1830 pour gagner Paris. Dans la capitale, il s'emploie comme garçon de bureau à la Préfecture de Police. Son fils effectue ses premières années de scolarité à l'École du Val-de-Grâce, puis à Beauvais dans la pension tenue par son oncle. De retour à Paris en 1854, il forme alors le voeu de devenir artiste. C'est dans ce but qu’Auguste Rodin entre quelques temps plus tard à l'École spéciale de dessin et de mathématiques, également appelée la "Petite École" (future École Nationale des Arts décoratifs). Il suit également les cours de Lecoq de Boisbaudran et du peintre Belloc. Rodin doit alors partager son temps entre la Bibliothèque Sainte-Geneviève, le Musée du Louvre et la Manufacture des Gobelins. En 1857, celui-ci reçoit deux premiers prix de dessin d'après l’antique au sein de l'institution. Confiant dans ses talents et sûr de sa vocation, il se décide ensuite à quitter la "Petite École" afin d'entrer à l'École des Beaux-Arts. L'artiste en herbe échoue cependant par trois fois au concours d'entrée.

Auguste Rodin interrompt alors ses études. A partir de 1858, il trouve à s'employer chez divers décorateurs et autres ornemanistes. Pendant ces années du Second Empire, le préfet de la Seine Georges Eugène Haussmann a entrepris de gigantesques travaux d’aménagement de la ville de Paris. Ces chantiers d'embellissement de la capitale procurent alors de l'ouvrage pour de nombreux ateliers d'artistes, qui façonnent des statues et autres petites figures et motifs du nouveau mobilier urbain. Le soir venu cependant, Rodin se préoccupe de ses propres oeuvres. En 1864, il loue par commodité un atelier près des Gobelins. La même année, l'artiste fait bientôt la rencontre d’une jeune femme, Rose Beuret, qui fréquente le quartier. De leur union naîtra un fils deux années plus tard. Entre-temps, Rodin se met au service de Carrier-Belleuse, un sculpteur dont les oeuvres sont en vogue à la cour de l'Empereur Napoléon III. C'est alors qu'éclate le conflit franco-prussien. Auguste Rodin est mobilisé puis enrôlé, avec le grade de caporal, dans la Garde nationale. Réformé pour sa myopie, il gagne la Belgique avec sa compagne et rejoint son maître qui est chargé de la décoration de la nouvelle Bourse de Bruxelles. A Paris, la République est bientôt proclamée. En 1872, Auguste Rodin renonce à travailler pour Carrier-Belleuse, après plusieurs années de collaboration.


Auguste Rodin s’associe alors avec le sculpteur belge Antoine-Joseph Van Rasbourgh. A Bruxelles, il expose quelques unes de ses oeuvres. En 1874, l'artiste participe à la décoration du Palais des Académies. Il réalise également des lithographies satiriques, celles-ci accompagnant le journal Le Petit Comique. En 1875, Auguste Rodin effectue un voyage d’études en Italie, qui lui offre le plaisir d'apprécier notamment l'oeuvre de Michel-Ange. De retour à Bruxelles, il expose en 1877 L'Age d'Airain, un nu masculin, au Cercle artistique et littéraire de Bruxelles, puis à Paris au Salon des Artistes français. On l'accuse cependant de l’avoir moulé sur nature. Malgré une défense énergique du sculpteur, la calomnie prend le dessus aux yeux du public.

De retour en France, Auguste Rodin entre à la Manufacture de Sèvres où il retrouve son ancien maître, Carrier-Belleuse, qui est à présent directeur des travaux d’art. Le sculpteur occupe également un atelier du dépôt des marbres, situé rue de l'Université. Rodin travaille notamment à la décoration de la Fontaine du Trocadéro pour l'Exposition Universelle qui s'annonce. L'État français, ayant récemment fait l'acquisition de L’Age d'Airain, lui commande en 1879 une porte monumentale à réaliser pour le futur Musée des Arts Décoratifs. Rodin, qui choisit pour thème décoratif La Divine Comédie de Dante, y travaillera jusqu'à la fin de ses jours, sans jamais l’achever. Cependant, les personnages ou les groupes qui la composent constitueront un réservoir inépuisable pour l'artiste. Celui-ci en exécutera des reproductions sous diverses formes et dans divers matériaux, leur accordant ainsi une existence à part entière.


Projet pour Apollon (socle du monument à Claude Gellée),
1890
Musée des Beaux-Arts de Nancy

Auguste Rodin, qui accède à la notoriété artistique, est à présent un personnage en vue. L'artiste s'entoure de collaborateurs au talent prometteur comme Camille Claudel, qu'il a rencontrée en 1883, Aristide Maillol ou Antoine Bourdelle à partir de 1893. Son atelier s'organise comme une véritable entreprise dont l'État est le premier client. Auguste Rodin accède aux honneurs. En 1887, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur. Quelques années plus tard, est confiée au sculpteur le poste de vice-président de la Société des Beaux-Arts ainsi que la direction de sa section sculpture.

Poursuivant son oeuvre, Auguste Rodin exécute les figures d'Adam et Ève ainsi que le célèbre Penseur en 1882, puis celle du Baiser en 1886. Après avoir exposé en compagnie du peintre impressionniste Claude Monet à la galerie Georges Petit en 1889, il inaugure en 1892 le Monument à Claude Lorrain à Nancy. Trois années plus tard, le sculpteur honore une commande passée par la municipalité de Calais, celle d'un Monument aux Bourgeois de Calais. A côté de la sobriété et du caractère dramatique de l'oeuvre, on lui reproche certaines attitudes à l'intérieur du groupe, qui évoquent notamment le découragement. A cette époque, Auguste Rodin et Camille Claudel cachent leur amour dans l'atelier du maître. La jeune femme s'’est installée depuis 1888 au n°113 du boulevard d’Italie, soit à proximité de la demeure de Rodin.


Au cours des années qui suivent, celui-ci voit la hardiesse de certaines de ses oeuvres discutée et même contestée. Un premier projet du Monument à Victor Hugo pour le Panthéon, dans lequel le romancier est représenté assis, est ainsi refusé en 1890. L'oeuvre définitive, soit Victor Hugo debout, sera néanmoins exposée en 1897. L'année suivante, Auguste Rodin doit à présent faire face au scandale du Monument à Balzac exposé au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts, commandé et refusé par la Société des Gens de lettres. L'écrivain est représenté dans une robe de chambre, les bras croisés par Rodin. Entre temps, le sculpteur s'est installé à la villa des Brillants à Meudon, dont il a fait l'acquisition en 1895. Trois années plus tard, en 1898, a lieu la rupture d’avec Camille Claudel.

Au tournant du siècle, l'oeuvre de l'artiste connaît maintenant un retentissement international. Se multiplient dans l'ensemble de l'Europe, puis au Japon et bientôt aux États-Unis, les expositions qui lui sont consacrées. En 1900, est installé, place de l'Alma à Paris, un Pavillon Rodin pour l'Exposition Universelle. Démonté l’année suivante, celui-ci est replacé à Meudon où le sculpteur en fait son atelier. A partir de 1908, c'est à l’hôtel Biron que réside Auguste Rodin. Au cours de ces années, celui-ci a multiplié les liaisons féminines. Après la duchesse de Choiseul, on le retrouve auprès d'une anglaise Gwendoline Mary John. Le 29 janvier 1917, Auguste Rodin épouse néanmoins Rose Beuret, sa compagne de toujours.


En 1916, à la suite de trois donations successives (les 1er avril, 13 septembre et 25 octobre) acceptées par l'État, l'Assemblée nationale vote l'établissement du musée Rodin à l'hôtel Biron. Malade et affaibli, Auguste Rodin, qui vient de recevoir une commande pour un monument à la mémoire des combattants de Verdun, décède le 16 février 1917, à Meudon où il est enterré.


Auteur :  Marc NADAUX
A voir :
  • Auguste RODIN, Les Cathédrales de France, Bartillat, 2009, 250 p, ISBN : 2841004651.

Réflexions d'Auguste Rodin - le plus illustre des sculpteurs français - publié en 1914, sur l'art des cathédrales.