Arcisse de Caumont

(Bayeux, 29 août 1801 - Caen, 16 avril 1873)

Arcisse de Caumont naît le 11 Fructidor an IX, autrement dit le 29 août 1801, à Bayeux. Son père, François de Caumont, issu d’une famille de la bourgeoisie normande, avait épousé quelques mois auparavant Marie-Louise Hue de Mathan. Il sera anobli en 1815, avec le retour des Bourbons. L’enfant est envoyé à Falaise, une ville voisine, afin d’y effectuer de premières études au Collège. Ses excellents résultats dans les matières scientifiques – en sciences physiques et en astronomie – décident ses maîtres à lui confier des cours à destination de ses camarades, à partir de 1816. L'année suivante, l’adolescent est de retour à Bayeux. Il effectue ensuite un voyage à Paris en compagnie de ses parents, avant d’obtenir son baccalauréat en 1820.

Suivant les vœux de l’autorité paternelle, Arcisse de Caumont s'inscrit à la faculté de Droit de Caen. Il se destine ainsi à embrasser la carrière de magistrat. Ayant obtenu sa licence, l’étudiant prête enfin son serment d'avocat. Peu après, il se marie à Melle Rioult de Villaunay, qui lui apporte une solide fortune, mais le couple demeurera sans descendance. A coté de ces occupations professionnelles, de Caumont se passionne pour les lettres et les arts. Quand son titulaire est absent, il tient ainsi l'orgue de l'église Saint-Étienne de Caen. En 1823, l’homme de loi, de concert avec deux de ses amis, fonde la Société Linnéenne de Normandie. Il en sera dix années durant le secrétaire, s’intéressant surtout à la géologie et à la botanique.

Dès cette époque cependant, Arcisse de Caumont se préoccupe du patrimoine monumental de sa province, qu'il peut observer au cours de ces promenades dans les campagnes. Comme partout en France, celui-ci a souffert des négligences, voire du vandalisme révolutionnaire. Nombre de châteaux ou d’églises sont ainsi laissés à l'abandon, voire transformés en carrière de pierres. Avec l’aide de l’abbé de La Rue, d’Auguste Leprévost et de Duhérissier de Gerville, d'autres érudits de la région normande, il anime la Société des antiquaires de Normandie depuis 1824. Celle-ci se donne pour but d’inventorier et d’étudier ces ruines et autres chefs d’œuvre architecturaux des temps passés. Arcisse de Caumont publie d'ailleurs un Essai sur l'architecture du Moyen-Age, particulièrement en Normandie. Quelques années plus tard, en 1830, fait suite à cette courte introduction le premier des six gros volumes d’un Cours d'antiquité monumentale, richement illustré de gravures sur bois, et, dont la publication s’étalera jusqu’en 1843. Avec cette dernière œuvre, qui se vend à 20.000 exemplaires, il s’exerce ainsi " à la classification chronologique des monuments religieux, au moyen de l'analyse de leurs différentes parties et de l'étude comparative de leurs formes et de leurs moulures aux différents siècles du Moyen-Age ".

Selon de Caumont en effet, de l’initiation du public cultivé à l’histoire de l’art dépend la sauvegarde du patrimoine normand. Aussi, à partir du 14 février 1830, il entame un cours d’archéologie ouvert aux passionnés. En 1840, grâce au savoir d'Arcisse de Caumont, ceux-ci disposent à présent d’un Abécédaire ou rudiments d'archéologie, en trois volumes. Cette œuvre sera pendant des décennies le guide de référence pour les archéologues français. Son entreprise de recension des richesses de la Normandie trouve également un premier aboutissement avec la parution d’une Statistique monumentale du Calvados, en cinq tomes. Sur son modèle, d’autres travaux du même genre verront le jour un peu partout en France. L'érudit se consacre également à la rédaction de guides de promenades géologiques ou archéologiques, comme celui qui s’intitule Allons à Falaise, itinéraire à vol d’oiseau, publié en 1864.

Arcisse de Caumont souhaite à présent étendre son entreprise. En 1833, il fonde la Société française d’archéologie, pour la conservation des monuments anciens, dont la première réunion se tient à Caen au mois de juillet, puis un Institut des provinces, en 1839, afin cette fois de réunir toutes les sociétés savantes. A cette époque cependant, l’État s’est saisi de la question en la personne de François Guizot. Ce dernier nomme en effet Prosper Mérimée, le 25 mai 1834, inspecteur général de la Commission des Monuments Historiques. L’écrivain est le deuxième fonctionnaire à occuper ce poste créé en 1832. Inlassablement, il va parcourir le pays pendant les années qui suivent afin de dresser un Inventaire général du patrimoine national. Certains monuments sont ensuite classés " monuments historiques ", autrement dit protégé de toutes dégradations, et bientôt restaurés. Arcisse de Caumont dénonce cette mainmise du pouvoir jacobin sur les initiatives locales. " La province se meurt " s’exclame t-il alors.

C’est néanmoins pour lui l’heure de la reconnaissance. En 1838, il devient membre correspondant de l’Institut, puis de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Le 14 août 1867, Napoléon III l'honore en le faisant officier de la Légion d’honneur. Fort de cette notoriété, Arcisse de Caumont s’est investie au cours de ces années dans un tout autre domaine. Dès le mois d’octobre 1831 en effet, alors que naît la Monarchie de Juillet, le savant fonde l'Association normande, une nouvelle société dont le but avoué est de favoriser le développement économique de la province. Celle-ci recrute tout d’abord dans le cercle des proches de Caumont, mais elle acquiert rapidement une autre dimension. D’un millier de membres au milieu du règne de Louis-Philippe, son effectif triple sous le Second Empire. Une assemblée annuelle réunit ceux-ci chaque année dans une ville différente, alors qu’un annuaire est publié qui renferme de nombreux renseignements d’ordre statistique. L'Association normande compte ainsi de nombreux élus qui agissent auprès des autorités, préfets et sous-préfets, et du pouvoir central.

Pendant quarante années, Arcisse de Caumont s’est aussi consacré à la publication du prestigieux Bulletin monumental, l’organe de la Société française d’archéologie. Épuisé et quasi-paralysé, il décède à Caen, le 16 avril 1873.


Auteur :  Marc NADAUX
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